A la recherche d'un ensemble de principes fondateurs d'une psychodynamique de l'agir ensemble en pédagogie et recherche universitaires, nous présentons des réflexions quant à l'encadrement (psychosocial et réflexif, personnel et collectif) de l'action universitaire. L'accroche de la réflexion se fait par une étude menée dans le cadre de la Loi ORE (2018). Puis une expérience de transformation pédagogique et psychodynamique en cours de Licence est présentée et ouvre à un fonds de réflexions autour de l'action, de l'acteur en développement et en transformation.
Nos réflexions concernent à la fois « soi-même », les collectifs ou les communautés professionnelles et les étudiants en formation initiale. A la lumière des réflexions et des travaux de quelques grandes figures inspiratrices telles que Erikson, Arendt, Canguilhem, Follett, Fleury, nous avancerons des éléments de compréhension de la question du développement individuel et social, de l'action et de la transformation en tant que processus vitaux ; nous nous attachons à montrer la capacité de ces appuis théoriques à se voir réactualisés dans la conception et la mise en œuvre d'un cours en distanciel (dans une temporalité et un environnement spécifiques que nous présenterons), et propres à offrir des ancrages renouvelés au développement d'une recherche « située ». Nous visons ici à soutenir l'intégrité de l'expérience universitaire, à dépasser les routines comportementales et à organiser des milieux capacitants (pensés et animés comme tels). Il s'agit de circonscrire une forme universitaire qui ne se laisse pas capter ni limiter par des enjeux seulement descriptifs et qui prend la forme d'une recherche et d'une démarche transformatrices des pratiques. Nous proposons quelques repères d'aide au développement de qualités de volition, d'implication (persévérance, audace), pour l'implication dans l'action collective et sa transformation. Nous nous appuyons sur l'idée que le processus de la formation de l'identité́ se situe au croisement de l'individu et de sa communauté́ de sorte qu'il devient impossible de séparer la croissance personnelle des changements sociaux : entre le social et le psychologique, entre l'histoire personnelle et l'histoire collective, les entrelacements sont constants. « La relation du vivant à son milieu ne présente donc pas le caractère d'un fait immuable, objectivement donné, mais elle est tendancielle, en cours d'effectuation, jamais achevée ; c'est pourquoi son allure est celle d'un devoir-être dont la réalisation, soumise aux conditions de la précarité, n'est pas garantie » (Macherey 2016).
Nous nous appuyons sur des retours d'expérience (conception de dispositifs, co-intervention en formation des nouveaux enseignants-chercheurs). Nous proposons une réflexion sur les représentations sous-jacentes aux actions de formation (mais non moins déterminantes quant aux réalités qu'on contribue à forger) pour les mettre au jour, les faire évoluer, les réinventer.