Depuis la réforme européenne d'éducation supérieure Licence-Master-Doctorat (LMD), diverses alliances et partenariats internationaux francophones créent des opportunités de mobilité, d'employabilité et de collaboration internationale en santé. Pour réduire les inégalités et les disparités d'accès à la formation infirmière, des institutions en Afrique et au Moyen-Orient ont implanté ou consolidé des programmes universitaires sous la structure LMD, en partenariat avec des universités franco-canadiennes qui détiennent déjà cette structure (SIDIIEF, 2019). Ce leadership a donné lieu à des partages de savoirs infirmiers en contextes interculturel et international francophones pour le renforcement des compétences professionnelles des formatrices en sciences infirmières (OIF, 2019). L'accroissement de cette mobilité internationale force à réfléchir à des contenus et des contextes de formation en sciences infirmières qui répondent aux différentes réalités historiques et sociopolitiques au regard de la santé, des soins et du système de santé des pays francophones. But et Méthode. Une étude de cas multiples avec méthode mixte à devis convergent (Creswell & Plano Clark, 2018) a permis de mieux comprendre comment se manifeste la compétence culturelle d'infirmières formatrices franco-canadiennes lors d'expériences de partage de savoirs aux études supérieures en sciences infirmières et ce, en contexte international francophone. La compétence culturelle manifestée dans quatre programmes en Afrique et au Moyen-Orient ont formé l'échantillon des cas (N=4). À travers ces cas, des entrevues individuelles semi-structurées auprès d'infirmières formatrices (n=18), un recueil de textes (n=53) et, des notes de terrain (n=36) ont été analysées qualitativement (Miles, Huberman et Saldana, 2014). Puis, les analyses statistiques descriptives des questionnaires post-formation auprès d'apprenantes (n=34) ont été comparées aux analyses qualitatives, pour ensuite dégager une synthèse de type explicatif narratif des résultats. Résultats. De manière holistique, l'intégration des résultats mixtes et inter-cas dévoilent que la formatrice mobilise et combine un ensemble de ressources. La formatrice s'engage et est reconnue dans un mandat universitaire infirmier. En incarnant et démontrant un engagement universitaire fort, la formatrice résout une pluralité de réalités par une conception franco-canadienne des savoirs infirmiers. Malgré la pluralité de réalités, elle maintient sa vision construite de ce doit être la formation et la pratique infirmières dans le contexte de rehaussement de programmes de formation infirmière universitaire. Elle établit un espace professionnel pédagogique avec les apprenantes où les enseignements et les apprentissages sont réciproques et simultanés. Toutefois, cet environnement semble incomplet pour assurer une reconnaissance et un respect de l'identité culturelle unique des apprenantes dans leur contexte particulier. Le savoir-agir de la formatrice se manifeste dans un rayon d'actions complexes en contexte international, soit dans quatre niveaux de situations professionnelles et récurrents : 1) identitaire professionnel, 2) disciplinaire, 3) organisationnel et 4) international. Conclusion. Cette étude fait ressortir trois enjeux de la compétence culturelle manifestée en formation infirmière : 1) le rôle sociopolitique, 2) le risque inconscient d'imposer une approche spécifique et 3) l'importance de créer un environnement culturellement sécurisant. Un caractère émancipatoire nouveau à la compétence culturelle ferait appel à une plus grande autocritique sur les idéologies et les enjeux de pouvoir en formation infirmière en contexte international francophone.