Enseigner la transdisciplinarité à l'université : de « oser à agir ensemble »
Mirella Vadean  1@  , Denis Berthiaume  1@  
1 : Université de l'Ontario français  -  Site web

La transdisciplinarité se définit comme un « agir ensemble », dans la mesure où elle se veut une méthodologie des liens entre les savoirs et savoir-faire, mais aussi entre les personnes qui les manient. Quels sont les défis posés par la transdisciplinarité à la pratique lorsqu'elle est à la fois objet d'étude, construction curriculaire et mission d'université, quand elle décrit donc les trois niveaux institutionnels : micro, méso et macro ? Notre communication, s'inscrivant dans le deuxième axe du colloque : « Les modes d'agir ensemble », présentera le cas concret du design curriculaire et de scénarisation pédagogique des cours de transdisciplinarité en Sciences humaines et sociales, enseignés dès la première année d'étude. Créés en 2021 au sein de la toute nouvelle Université de l'Ontario français (Toronto, Canada), ces cours de tronc commun suivent une approche programme (Prégent et all.) d'intégration progressive des acquis de connaissances sur trois ans. L'objectif de ces cours est de développer graduellement, via un apprentissage expérientiel (Kolb), les bases de la pensée transdisciplinaire (Nicolescu, Morin). Le premier des trois cours innove en amenant les étudiant-e-s à comprendre la notion de discipline ainsi que les piliers de la démarche transdisciplinaire, en la distinguant des démarches multi, pluri, ou interdisciplinaires et en la préservant ainsi d'un simple usage déclaratif et confus (Gibbs). Conçu comme un « tiers-lieu » (concept emprunté à la sociologie), le cours de transdisciplinarité accueille des étudiant-e-s issus des quatre programmes de Baccalauréat spécialisés de notre université : Pluralité humaine, Culture numérique, Environnements urbains et Économie et innovation sociale. Le cours de transdisciplinarité de première année désigne un espace-temps comodal (physique et numérique) où une équipe de professeur-e-s activent un processus qui s'inscrit dans le paradigme de la complexité (Morin) et qui permet aux étudiants des horizons disciplinaires différents de chercher ensemble des solutions innovantes à travers des mises en situation ou de mini-projets intégrateurs adaptés. Nous présenterons ici la manière dont le cours a été créé et mis en pratique. Nous analyserons les enjeux, les tensions et les accords identifiés à deux niveaux pédagogiques (McGregor) : celui de l'enseignement (co-design et co-enseignement) et celui de l'apprentissage (développement des compétences spécifiques et transversales). La création de ces cours se veut une réponse effective aux perturbations actuelles produites dans le système de savoir par une rapide mutation des professions. Cela oblige le milieu universitaire à répondre à l'évolution des besoins et des attentes des étudiant-e-s en reconsidérant la manière dont le savoir est transmis et expérimenté aujourd'hui. Aux disciplines isolées, enfermées dans des programmes traditionnels menant à des hyperspécialisations, on oppose la création de nouveaux cadres et dispositifs de formation et de transformation durable qui valorisent le décloisonnement disciplinaire et l'élargissement des champs de compétences acquises pour résoudre des problèmes de plus en plus complexes. Le résultat de notre expérience permet d'identifier des repères à considérer pour l'intégration des cours sur la transdisciplinarité dans le cursus universitaire, dès le 1er semestre d'étude au premier cycle.


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