Le développement de compétences constitue un élément central de toute formation. Pour les futurs comptables professionnels agréés (CPA) du Canada, les compétences considérées importantes pour la profession — à la fois techniques et habilitantes — sont présentées dans un document servant de guide pour l'élaboration des programmes de formation. Bien que les praticiens et les enseignants reconnaissent l'importance des compétences habilitantes chez les comptables (aussi communément appelées compétences génériques), un débat existe, d'une part, à propos de la pertinence et de la façon d'en assurer le développement dans le cheminement universitaire et, d'autre part, sur la place devant être prise par ces compétences génériques dans des programmes universitaires déjà surchargés — principalement par l'apprentissage des compétences techniques. Notre recherche, de nature qualitative, se concentre sur le développement d'une compétence générique — le savoir-être — en contexte de formation universitaire en comptabilité. Notre question de recherche s'énonce comme suit : comment les étudiants comprennent-ils la notion de savoir-être ? Par le biais d'entretiens semi-dirigés avec 32 étudiants et récents diplômés d'universités québécoises en comptabilité, nous développons quatre façons d'aborder le savoir-être : 1) respecter les autres, 2) se connaître soi-même, 3) respecter les règles et être en mesure de faire son travail et enfin, 4) le « petit plus ». Nous soutenons que l'interaction, sous ses différentes formes, est susceptible d'influencer le savoir-être d'un étudiant. Notre analyse met en évidence la pertinence des interactions entre les enseignants et les étudiants ainsi que les situations d'interaction où les étudiants vivent des difficultés ou des défis. Les principaux constats de notre analyse de ces perceptions et influences révèlent le caractère personnel et évolutif du savoir-être et l'influence insoupçonnée que les enseignants peuvent exercer sur son développement. Nous formulons trois questions de réflexion qui mettent en relation l'analyse de nos données avec l'idée que le savoir-être constitue un apprentissage social. Notamment, nous encourageons les enseignants à être plus attentifs aux étudiants et à ne pas sous-estimer les compétences « cachées » que les étudiants peuvent développer et qui n'ont pas besoin de faire l'objet d'une évaluation. Ces réflexions, dans le contexte de l'« agir ensemble », sont susceptibles d'aider les enseignants à mieux répondre aux besoins des apprenants et à mieux gérer leurs propres attentes face à ces apprenants.