Favoriser l'engagement des étudiants dans les activités d'apprentissage : quels modes d'agir ensemble ?
Jean-François Desbiens  1@  , Noemi Garcia-Arjona  2@  , Oriane Petiot  2@  , Jérôme Visioli  3@  
1 : Université de Sherbrooke
2500, boul. de l'Université, Sherbrooke (Québec, Canada) J1K 2R1 -  Canada
2 : Violences, Innovations, Politiques, Socialisations et Sports  (VIPS2)
UFR STAPS
3 : Violences, Innovations, Politiques, Socialisations et Sports  (VIPS2)
UFR STAPS

En 2020, un article du journal Le Monde titrait « Baisse de motivation des étudiants, interactions "au point mort" avec les enseignants : le ras-le-bol des cours en ligne » (par Alice Raybaud, le 16 juin 2020). Il existerait une relation forte entre la baisse du niveau d'engagement des étudiants dans les activités d'apprentissage durant le confinement et la diminution des interactions sociales entretenues avec leurs enseignants et leurs pairs. « Agir ensemble » dans l'enseignement supérieur constituerait donc désormais une condition favorisantl'engagement dans les activités d'apprentissage (Skinner et Pitzer, 2012). 

L'engagement de l'étudiant renvoie à sa capacité d'investir du temps et des efforts sur la durée du programme de formation. Comme l'engagement scolaire, il constitue un facteur majeur de la réussite, et comporte plusieurs composantes indissociables (FredricksBlumenfeld et Paris, 2004). Premièrement, l'engagement comportemental traduit les comportements de conformité des élèves aux attentes dans l'activité scolaire identifiée (répondre aux consignes, se montrer assidu, se conduire de manière adaptée, etc). Deuxièmement, l'engagement cognitif est associé à un investissement de l'étudiant se traduisant par un haut niveau de concentration, d'attention et à l'utilisation de stratégies cognitives et métacognitives adaptées mobilisées lors d'une activité. Troisièmement, l'engagement émotionnel renvoie à un investissement des étudiants dans des activités, empreintes d'intérêt et de plaisir malgré les défis qu'elles puissent poser. 

Depuis les années 1980, de nombreux chercheurs ont examiné les facteurs susceptibles de favoriser l'engagement des étudiants dans les activités d'apprentissage (voir Zepke et Leach, 2010, pour revue). En dépit des divergences dans les manières de définir et de mesurer l'engagement, un des fils conducteurs de ces recherches est l'impact des relations sociales sur l'engagement des étudiants. Le rôle de l'enseignant a particulièrement été pointé. Par exemple, des chercheurs ont analysé les perceptions de plus de 700 étudiants concernant l'efficacité de l'enseignement et son influence sur leur engagement. Les résultats confirment l'importance de la gestion efficace de la classe et de la différenciation pédagogique (Fernandez-Garcia, Rodriguez-Alvarez, et Vinuela-Hernandez,2021). Plus généralement, le manque de relations sociales des étudiants – se traduisant, par exemple, par un isolement des pairs ou de la famille – est régulièrement pointé comme ayant des conséquences négatives sur l'engagement (Coulon, 2005).

L'objectif de ce symposium est de présenter quatre recherches inédites ayant investigué l'influence d'un mode particulier « d'agir ensemble » sur l'engagement d'étudiants dans leurs études. La première communication discutera du rôle de l'innovation pédagogique pour optimiser l'engagement cognitif des étudiants dans des situations d'enseignement exploitant le travail en groupe (jeux de rôle, simulation, usages d'outils numériques). La deuxième communication portera sur l'influence de plusieurs modes d'agir ensemble (séquence de théâtre d'improvisation, jeu de cartes à thème et usage de la musique) sur l'engagement émotionnel de candidats à l'Agrégation au sein d'une préparation de haut niveau. La troisième communication ciblera l'influence de la relation instaurée par l'enseignant au sein de filières diversifiées sur l'engagement comportemental (participation verbale) d'étudiants libanais. Enfin, la quatrième communication dressera un bilan de l'impact de l'isolement social liées à la pandémie de Covid-19 sur les trois formes d'engagement – comportementale, cognitive et émotionnelle – d'étudiants en filière sportive.

 

Coulon, A. (2005). Le métier d'étudiant. L'entrée dans la vie universitaire. Paris : Economica. 

Fernandez-Garcia, C.-M., Rodriguez-Alvarez, M., et Vinuela-Hernandez, M.-P. (2021). University students and their perception of teaching effectiveness. Effects on students' engagement. Revista de Psicodidáctica (English ed.)26(1), 62-69. https://doi.org/10.1016/j.psicoe.2020.11.006

Fredricks, J. A., Blumenfeld, P. C., et Paris, A. H. (2004). School engagement : Potential of the concept, state of the evidence. Review of Educational Research74(1), 59–109. 

Skinner, E. A., et Pitzer, J. R. (2012). Developmental dynamics of student engagement, coping, and everyday resilience. In S. L. Christenson, A. L. Reschly et C. Wylie (Eds.), Handbook of research on student engagement (pp. 21-44). New York: Springer. 

Zepke,N.,etLeach,L.(2010).Improvingstudentengagement:tenproposalsforaction.ActiveLearningin HigherEducation 11(3),167-177.


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