Les accompagnateurs pédagogiques, de plus en plus nombreux dans les établissements supérieurs, ont souvent pour mission de soutenir la transformation pédagogique. Si cela peut sembler facile sur papier, qu'en est-il sur le terrain ? Notre communication porte sur une expérience de recherche collaborative et la mise en œuvre d'une dynamique collective d'acteurs de terrain (accompagnateurs pédagogiques du supérieur, ingénieurs et chargés d'études de l'Institut Français de l'Education) et de recherche (deux chercheurs). Le projet, initié en 2020 à partir d'une réflexion sur l'évolution du programme @NéopassSup, a pour objectif le développement professionnel des accompagnateurs pédagogiques. En effet, s'ils jouent souvent un rôle-clé en ce qui a trait à la transformation pédagogique des établissements du supérieur, ils ne sont encore que rarement entendus dans leurs préoccupations spécifiques, notamment en termes de formation continue. Ainsi, la professionnalisation de ces acteurs, envisagée comme levier pour soutenir l'évolution des pratiques pédagogiques, est au cœur de nos intentions. Notre projet s'appuie sur un cadre théorique issu de l'analyse du travail et de la didactique professionnelle. Ainsi, la collaboration s'envisage de façon filée dans le temps, depuis la problématisation de situations vécues par les acteurs jusqu'à l'analyse des matériaux, l'émergence de « solutions » testées sur le terrain, la production de ressources et leur valorisation. La méthodologie permet d'envisager le projet comme une co-construction en travaillant de la problématisation de situations concrètes de métier à la documentation et l'analyse de celles-ci par auto-confrontation et allo-confrontation notamment. La visée de notre projet est plurielle : partager et éprouver les savoirs de recherche et expérientiels pour permettre aux accompagnateurs pédagogiques de développer leurs compétences, d'adopter une posture de « praticien chercheur » (Bédard, 2014), notamment par une analyse réflexive et la maîtrise d'outils conceptuels et méthodologiques. Par ailleurs, c'est une occasion de questionner, dans des contextes multiples, les modèles de recherche mobilisés. Ainsi, notre projet est une opportunité de constituer simultanément un observatoire des pratiques et un conservatoire de celle-ci par l'élaboration d'un dispositif de formation ouvert à tous les professionnels dans le but d'accompagner le développement professionnel du collectif créé et de proposer un laboratoire par une formalisation en « méta » des processus de développement professionnel initiés lors du projet. Un travail, prévu sur un minimum de trois ans, est établi avec des référents scientifiques par thématique documentée et analysée. En parallèle de ce qui vient d'être mentionné, nous souhaitons travailler à l'élaboration d'un dispositif de formation dédié aux accompagnateurs pédagogiques qui proposerait de croiser des préoccupations thématiques et des préoccupations transversales, de métier. Depuis le début de la mise en place de ce projet, des obstacles et des limites émergent. En effet, au-delà du travail en lui-même avec les accompagnateurs pédagogiques, ce projet nécessite de définir le cadrage institutionnel pour penser la diffusion, l'essaimage, la reconnaissance de l'investissement des acteurs engagés, etc. Ce n'est qu'à ces conditions que l'on pourra imaginer la pérennité du projet, sa continuité et sa progressivité.