La question des pratiques pédagogiques des enseignants du supérieur devient vive et se pose dans de multiples établissements supérieurs, tant au sein des universités que des écoles de santé ou d'art, voire en écoles d'ingénieurs (Munoz & al., 2021). Par exemple, l'un des axes d'orientation stratégique de l'université de Nantes (2017-2021), relatif à une « université agile et innovante », préconise de « s'engager dans la transition pédagogique positive ». Il s'agit de promouvoir les initiatives pédagogiques par des appels à projets. Cependant, les choix des projets restent le plus souvent « technocentrés », finançant la plupart du temps les projets centrés sur l'usage de technologies éducatives dites nouvelles, sans prendre en compte les pratiques pédagogiques existantes et les initiatives des acteurs, comme s'il n'y avait « rien à apprendre de l'examen des modalités « spontanées », ordinaires, par lesquels les individus font face aux nouveaux problèmes qui se posent à eux » (Mayen, 2008, p. 116). C'est pourquoi il nous apparaît pertinent de considérer ces derniers aspects, liés aux vécus des acteurs de la pédagogique universitaire. Ceux-ci sont confrontés à la question d'avoir à agir ou à innover ensemble.

Dans cette perspective, nous proposons des communications qui s'attèlent d'une part à prendre en compte les pratiques pédagogiques et leurs évolutions et d'autre part à considérer les dispositifs de formation conçus par les acteurs du supérieur, soit pour former les étudiants, futurs formateurs ou enseignants, soit pour impulser des changements pédagogiques d'enseignant en cours d'activité. Quel est le rôle des autres dans ces processus de changement ou d'innovation ?

Recourant à des travaux basés sur la didactique professionnelle (Pastré, Mayen & Vergnaud, 2006 ; Pastré, 2011) ou sur le paradigme de la problématisation (Fabre, 1999, 2009, 2011), nous proposons de présenter et discuter 3 communications portant :

- d'une part sur l'analyse de ce qui préside aux changements de pratiques pédagogiques d'enseignant du supérieur, à partir d'une étude de cas ;

- d'autre part sur l'investigation de la mise en place de situations didactiques conçues en partenariat avec des acteurs volontaires de l'enseignement supérieur, dispositifs visant à provoquer du développement (Vygotski, 2014), par exemple en formant à la conception de situation.

Nous émettons l'hypothèse d'une approche fondée sur deux sources qui nous mènent à poser la question suivante : en quoi la « pédagogie par problème », issue de la problématisation (Fabre, 2011) et la « pédagogie des situations », issue de la didactique professionnelle (Pastré, 2011), relèveraient d'une approche pouvant inspirer l'idée d'une « pédagogie provoquée » ou l'apprentissage pourrait pousser le développement (Vygotski, 1934/1997) ?